Les temps forts de la journée annuelle des administratrices et des administrateurs: replay conférence 2: Quelles perspectives pour de nouveaux modèles : l’exemple de l’économie circulaire

QUELLES PERSPECTIVES POUR DE NOUVEAUX MODELES : L’EXEMPLE DE L’ECONOMIE CIRCULAIRE.

En introduction, Emmanuelle Ledoux, directrice de l’INEC, rappelle que, longtemps considérées comme inépuisables, les premières réflexions relatives aux ressources sont apparues dans les années 1970, notamment à travers le club de Rome et le rapport Meadows.

En France, il faudra attendre 2010 pour que le concept de limite des ressources soit défini et 2015 pour qu’il soit consacré par la loi. Pérenniser les modèles économiques et garantir la sécurisation des approvisionnements, c’est le point qui figurait au premier rang des objectifs de la première feuille de route sur l’économie circulaire, et dont l’importance a été révélée par le déclenchement de la crise sanitaire.

« Il importe d’agir à tous les niveaux, dont celui des administrateurs et des acteurs de l’environnement (…) Les dirigeants doivent également se sentir impliqués et volontaires pour avancer sur la question environnementale » – Emmanuelle Ledoux.

 

Stéphane Rutkowski, directeur général en charge de Circulère, filiale du groupe Vicat, rappelle que la crise pétrolière de 1973 avait déjà fait réfléchir la filière du ciment, fortement consommatrice d’énergie fossile, pour rechercher des énergies alternatives. Au début des années 2010, près d’un tiers de l’énergie utilisée provenait de déchets énergétiques, mais les groupes du secteur se refusaient pourtant à communiquer sur ce procédé alternatif, afin de ne pas associer fabrication du ciment et utilisation de déchets.

 

« L’économie circulaire permet de relocaliser la production et aux entreprises de rendre service aux collectivités locales » – Stéphane Rutkowski.

 

La crise financière de 2008 ayant des conséquences majeures pour le secteur du bâtiment, Vicat a réfléchi à de nouveaux relais de croissance, dont l’économie circulaire, que le groupe Vicat pratiquait en réalité déjà sans le savoir. En revanche Vicat a souhaité se saisir de l’enjeu de communiquer sur la valorisation énergétique des déchets dans le ciment et à la production de ciments sans énergie fossile, qui deviendra possible à partir de 2025.

 

« La gouvernance me semble fondamentale s’agissant de l’économie circulaire et du développement durable » – Marie-Claire Daveu.

 

Dans le secteur du luxe, Marie-Claire Daveu, directrice du développement durable et des affaires institutionnelles chez Kering, précise que le groupe a voulu que le développement durable soit représenté à tous les niveaux de l’entreprise. Kering fut ainsi le premier groupe du CAC 40 à se doter d’un comité du développement durable et son comité exécutif aborde lors de chacune des réunions la question du développement durable, placé au cœur de la stratégie.

L’économie circulaire et le développement durable font l’objet de la même attention que la performance financière et poursuivent des objectifs quantifiés, suivant des calendriers de mise en œuvre. Une stratégie pour l’économie circulaire a été concrétisée au sein du groupe, et ainsi, un million d’hectares d’agriculture conventionnelle sera transformé en agriculture régénératrice, en France, aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, ou encore en Asie, et les produits seront utilisés par la suite dans les chaînes de production du groupe Kering.

 

« L’économie circulaire constitue une chance pour les territoires, notamment eu égard à l’enjeu de sécurisation des approvisionnements pour une entreprise, mais aussi de souveraineté, ce qui renvoie à une question de proximité territoriale » – Thomas Lesueur.

 

Pour Thomas Lesueur, délégué interministériel au développement durable, l’économie circulaire produit souvent nombre d’emplois au niveau local, mais se révèle également être une source d’innovation, technologique, puisque l’intégration de processus industriels circulaires implique des changements importants, mais aussi sociaux, notamment via le développement de l’économie de la fonctionnalité.

 

Thomas Lesueur rappelle que l’économie circulaire est plus intelligente que l’économie linéaire car elle implique de casser la logique de silos. Car personne ne peut parvenir à opérer ce basculement seul : les grands groupes jouent un rôle central dans leur chaîne de valeurs, donnent l’impulsion, mais le mouvement ne peut être que global. Pour parvenir à ce changement de paradigme, nous devons élaborer des écosystèmes de coopération et d’entraide, sortir des silos, et faire en sorte que le déchet devienne ressource. Et l’État accompagne les entreprises à travers des plans d’investissements significatifs et inédits de par leur ampleur (France Relance, France 2030, PIA). La loi Climat et Résilience du 24 août 2021 prévoit la généralisation, d’ici cinq ans, dans l’ensemble de la commande publique, de considérations environnementales.

« Pour impulser ce changement de paradigme, nous devons élaborer des écosystèmes de coopération et d’entraide, sortir des silos, et faire en sorte que le déchet devienne ressource » – Thomas Lesueur.

Sur les conseils à adresser aux administrateurs, Thomas Lesueur indique que l’objectif de décarbonation imposera d’entraîner tous les acteurs économiques dans un travail collectif de coordination et d’alliance qui doit s’engager, et dans lequel les administrateurs devront prendre toute leur part. Stéphane Rutkowski indique que la notion de décarbonation semble avoir pris le pas sur la notion d’économie circulaire dans le discours général, et l’illustre dans le domaine du ciment par le rôle de catalyseur que l’économie circulaire joue via le développement des circuits courts, les services rendus à un territoire, et permet de modifier le regard que portent les collectivités locales sur l’industrie cimentière.

« Les administrateurs doivent jouer un rôle d’aiguillon » – Marie-Claire Daveu.

Pour Marie-Claire Daveu, l’ensemble des bonnes pratiques ne sont pas considérées comme un avantage compétitif et sont rendues publiques et partagées, puisque le changement ne peut être que global. Dans ce contexte, les administrateurs doivent jouer un rôle d’aiguillon et demander aux directions générales de produire des résultats concrets en matière de préservation de l’environnement, à l’instar des données chiffrées fournies dans le cadre d’un audit financier.

En conclusion, Anne-Sophie de la Bigne indique que les administrateurs doivent effectivement s’emparer du sujet de l’économie circulaire, régie par de nombreuses réglementations, en France et en Europe, et qui impose de l’intelligence collective et de revoir son approche des différentes problématiques. Il importe pour l’administrateur de disposer d’un état des lieux précis de l’entreprise concernée, d’en connaître la position par rapport à l’économie circulaire, en vue d’anticiper, d’identifier les investissements nécessaires, d’envisager des partenariats, et enfin de prendre le temps de se former, comme le font les responsables opérationnels au sein des organisations.

 

Pour visualiser le replay de la conférence 3 : sur le thème de: « À qui revient la gouvernance ? »

C’est ici : https://www.ifa-asso.com/a-qui-revient-la-gouvernance/

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