2023, l’IFA a 20 ans : portrait de Anne-Claude Pont, première femme membre de l’IFA

2023 : l’IFA a 20 ans

Portrait de… Anne-Claude Pont, première femme membre de l’IFA                                               

Lorsqu’Anne-Claude Pont rejoint l’IFA, courant 2003, elle cumule les handicaps : non seulement elle n’est pas administratrice, mais elle est aussi une femme. Or à l’époque, l’IFA est exclusivement masculin. Un détail qui ne l’empêchera pas d’en devenir membre et de le rester jusqu’à aujourd’hui. Portrait d’une exception.

 

Anne-Claude Pont le reconnaît volontiers : la gouvernance l’a toujours intéressée. Alors lorsqu’en 2003 Daniel Lebègue, alors président de l’IFA, lui propose d’assister à une réunion, elle n’hésite pas une seconde. A l’époque elle est en charge de la filiale française d’une banque allemande – HypoVereinsbank, aujourd’hui HVB – ; Daniel Lebègue lui a parlé de l’IFA et de son engagement en faveur d’une gouvernance plus responsable et elle a envie de « voir ça de plus près ». Ce qu’elle découvre l’enthousiasme au point qu’elle va demander à devenir membre de l’association bien que, s’amuse-t-elle aujourd’hui, elle soit alors très éloignée du profil type. « Non seulement j’étais une femme – et l’IFA ne comptait que des hommes – mais je n’étais pas encore administratrice, raconte-t-elle. La crise financière n’avait pas encore éclaté, l’économie était en pleine euphorie, mon profil de banquier avec forte culture du risque n’intéressait pas vraiment. »

« Gouvernance balbutiante… »

Qu’importe. Daniel Lebègue l’accueille et elle rejoint l’IFA. Elle y découvre un univers « passionnant, spontané, où tout est en construction »… comme dans les start-up où elle commence à investir quelques années plus tard et où elle découvre « une gouvernance balbutiante » au sein d’entreprises encore souvent dépourvues de comité stratégique.

 

« Bien sûr, la loi Copé-Zimmerman a joué un rôle clé dans la féminisation des conseils, mais l’IFA a clairement contribué à faire évoluer les consciences »

En 2007 elle est de retour dans la banque, cette fois à la Royal Bank of Scotland, en qualité de managing director ; elle y reste 7 ans. « J’avais moins de temps, je ne voulais pas de mandat, car le risque d’être conflictuée était trop élevé », se souvient-elle. En 2014, elle décroche son premier mandat – dans une start-up -, puis, dès l’année suivante, juste après avoir obtenu sa certification IFA-Science Po, son premier mandat « rémunéré » au Crédit Foncier de France, une filiale de BPCE où on lui demande non seulement de présider le comité des risques, mais aussi de rejoindre le comité d’audit et, rapidement, le conseil de surveillance du groupe. Quelques temps auparavant, elle a créé Wilov, une entreprise de tech dans l’assurance dont elle est présidente et, désormais, le temps lui manque. Pour se consacrer à ses nouveaux engagements, elle démissionne de ses autres mandats, ce qui ne l’empêche pas de constater la transformation d’un univers où, il y a 20 ans, elle faisait office d’exception.

Féminisation

« Au milieu des années 2000, les femmes ont commencé à s’intéresser à ces sujets, raconte Anne-Claude Pont, et, dès 2014, le paysage des conseils a totalement changé en devenant beaucoup plus mixte ». Une évolution qui, pour elle, doit beaucoup à l’influence de l’IFA. « Bien sûr la loi Copé-Zimmerman a joué un rôle clé dans la féminisation des conseils, mais l’IFA a été très porteur sur ce sujet : il a clairement contribué à faire évoluer les consciences », estime celle qui revient, une fois encore, sur le rôle précurseur de son président de l’époque. « Daniel Lebègue avait une position très ouverte sur la question. Il avait accepté que je rejoigne l’IFA alors que je n’avais pour ainsi dire rien en commun avec ses autres membres et, aujourd’hui, je m’apprête à y fêter mes vingt ans ! »