L’importance du capital humain dans les conseils : La tribune du Club ESG de l’IFA

 

Le club ESG de l’IFA publie une tribune libre parue dans l’opinion ce 23 mars 2021 sur le sujet du capital humain et de sa place au sein des conseils d’administrations !

 

« L’accélération des prises de conscience provoquée par la crise sanitaire invite les conseils d’administration à inscrire en tête de leur agenda ce qui les a mobilisés depuis le début de cette crise : la protection et la mise en valeur du capital humain de l’entreprise »

Depuis le début de la pandémie, les entreprises se sont focalisées sur le télétravail — en réalité du travail forcé à distance avec des conditions souvent dégradées — et sur le renforcement des dispositifs de protection de la santé des collaborateurs. Le leadership a évolué vers plus de proximité individuelle et d’empathie, et il a fallu par la confiance maintenir la motivation des collaborateurs. Le dialogue social a connu une intensité exceptionnelle. Les conseils d’administration se sont impliqués aux côtés des dirigeants avec une fréquence inhabituelle afin de suivre l’évolution de la situation et de s’assurer qu’y étaient apportées les meilleures réponses.

Il s’agit toutefois d’être conscient aujourd’hui, un an après le début du premier confinement, qu’au-delà de la réponse à l’urgence sanitaire l’entreprise reste confrontée à tous les défis « d’avant » qui vont impacter le corps social sur la durée : adaptations à des transformations durables des modèles d’affaires face aux priorités environnementales, évolution des technologies, digitalisation accrue, besoins de compétences nouvelles…

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Les administrateurs savent qu’ils vont devoir s’emparer encore davantage de la façon dont l’entreprise met en œuvre sa responsabilité sociale d’employeur. Leur réflexion sur le socle d’informations et d’indicateurs nécessaires à l’exercice de leur responsabilité s’impose. Ils devront s’assurer que les sujets traités sont mis en cohérence avec la raison d’être de l’entreprise et les enjeux sociaux et environnementaux, et que les pratiques managériales permettent de maintenir la confiance et l’engagement des collaborateurs.

Pierre angulaire. Fort de ce constat, le club ESG de l’Institut français des administrateurs (IFA), conforté par une vingtaine d’entretiens avec des personnalités du monde de l’entreprise, a tiré trois enseignements majeurs :

D’une part, la prise en compte du capital humain doit rester, même après la crise, une pierre angulaire des travaux du conseil. Ce dernier doit avoir une appréciation, bien documentée, de ce qui constitue une part essentielle de la richesse de l’entreprise. Cela va au-delà de l’exposé annuel des bilans sociaux réglementaires, des ratios d’équité, de l’index Pénicaud, des nouveaux objectifs de féminisation des équipes dirigeantes… La donnée brute ne suffit pas pour disposer d’une analyse fine et complète du capital humain.

« Personne ne doute plus que performance durable et engagement des collaborateurs ne soient liés »

D’autre part, la capacité de fonctionner en temps de pandémie ne doit pas dédouaner l’entreprise d’une vision prospective de la protection nécessaire des salariés et de l’adaptation de leurs compétences qui intègre la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Cela passe par l’examen des ambitions réelles des plans de formation, des dispositifs de gestion des carrières, de la capacité de l’entreprise à attirer et à diversifier les talents. La fréquence et la qualité du dialogue social jouent un rôle clé dans la préparation de l’avenir, mais il ne s’agit pas uniquement de l’inventaire du nombre d’accords signés. Les conseils d’administration doivent être attentifs à la qualité du dialogue social dans l’entreprise et aux signaux faibles de détérioration du climat social.

Réactivité. Enfin, la crise a souligné que la réactivité de l’entreprise dépendait de l’engagement des salariés qui repose sur le lien de confiance, de proximité et d’adhésion entre les managers et leurs équipes. Cela passe par la mise en valeur de bonnes pratiques managériales : courage, capacité d’entraîner l’adhésion des équipes, aptitude au dialogue de proximité. Ces capacités se sont inégalement manifestées pendant la crise et les conseils doivent en tirer les conséquences quant au choix des critères d’évaluation des dirigeants, de l’appréciation des comportements et des rôles de chacun, de l’organisation du travail.

L’accélération des prises de conscience provoquée par la crise sanitaire invite les conseils d’administration à inscrire en tête de leur agenda ce qui les a mobilisés depuis le début de cette crise : la protection et la mise en valeur du capital humain de l’entreprise.

Les ordres du jour des conseils d’administration laissent trop peu de place à la responsabilité sociale de l’employeur, qui ne relève pas des seuls choix des dirigeants exécutifs. Pourtant, personne ne doute plus que performance durable et engagement des collaborateurs ne soient liés. Une stratégie qui ne prendrait pas en compte la dimension humaine et sociale de l’entreprise serait de court terme et risquée. La performance et la résilience de l’entreprise exigent de protéger cet actif clé que forment les collaborateurs et de lui donner à chaque étape les moyens d’adaptation nécessaires pour contribuer au succès de l’entreprise. Pour cela, les administrateurs et administratrices devraient veiller à recevoir les informations nécessaires pour que le capital humain trouve toute sa place dans les débats des conseils d’administration.

Le Club ESG de l’Institut français des administrateurs, IFA.

 

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